Perspective philosophique d’Elisabeth de Fontenay
Les animaux sont des êtres sensibles
par Elisabeth de Fontenay,
philosophe, productrice de l’émission de France Inter Vivre avec les bêtes
Dans Le Silence des bêtes, j’ai envisagé l’hypothèse selon laquelle, le christ s’étant offert comme l’agneau sacrificiel, les animaux avaient perdu le statut qu’ils avaient dans les sacrifices des anciens Hébreux. La religion nouvelle avait abandonné les nombreuses prescriptions de l’Ancien Testament quant aux sacrifices, la sollicitude devant être accordée aux animaux. J’ai aussi rappelé l’insistance de la théologie à tenir le raisonnement suivant. La douleur est la conséquence du péché originel ; or les animaux n’ont pas péché en Adam ; donc ils ne souffrent pas ; s’ils souffraient, Dieu serait injuste ; ce qui ne se peut pas.
Mais je n’ai pas ignoré qu’il y avait il y a toujours eu des voix discordantes, celles de mystiques, qui prenaient des libertés avec la doctrine de l’institution. Je pense aux écrivains, aux bouleversantes évocations de la détresse animale par Léon Bloy dans La Femme pauvre, et aussi à la glorieuse réhabilitation des bêtes dans La Tapisserie de l’Apocalypse de Claudel.
Et c’est à mes chers amis, Hélène et Jean Bastaire qui se sont battus inlassablement pour faire évoluer la pensée catholique dans un sens favorable aux animaux, que je dois d’avoir découvert cette pensée, cette espérance de Maxime le Confesseur. Si « Adam a livré la nature entière comme une proie à la mort », grâce au Christ, Nouvel Adam, » la terre entière est sanctifiée en revenant à travers la mort au paradis ». Ainsi a lieu « la Pâque cosmique »: « le monde total rentre dans le Dieu total ». «
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